Si elle avale les kilomètres à vélo, elle connaît aussi l’art de jongler. Jongler entre sa passion - le cyclisme - et les impératifs inhérents à une pratique amateur - le travail -. Audrey Cordon-Ragot, entre autres faits d’armes double championne de France sur route (2020, 2022) et couronnée par six fois en contre-la-montre (2015, 2016, 2017, 2018, 2021, 2022) a dû patienter plus de dix longues années avant de pouvoir passer, enfin, professionnelle et vivre de sa passion.

Née à Pontivy, dans le Morbihan, la recrue de la Zaaf Cycling Team découvre la petite reine à 10 ans, encouragée par son père, mordu et pratiquant. Douée, elle va s’essayer à la piste, au VTT et au cyclo-cross avant de se concentrer uniquement sur la route. À 18 ans, son BTS immobilier en poche, elle intègre l’équipe Vienne Futuroscope, la plus prestigieuse formation féminine de France.   



La Bretonne découvre le haut niveau. Et l’envers du décor. Promise à une belle carrière, elle doit conjuguer, comme elle le peut, entraînements, compétitions et un emploi chargé d’agente immobilière puis d’éducatrice sportive pour subvenir à ses besoins. Une vie de sacrifices qui va la pousser à tenter sa chance à l’étranger.

Hors de l’Hexagone, Audrey Cordon-Ragot se rend compte que le cyclisme féminin professionnel n’est pas une utopie, alors elle s’expatrie en Norvège où elle rejoint les rangs de Hitec Products. Puis il y aura l’Angleterre avec Wiggle avant l’aventure américaine, à partir de 2019, sous les couleurs de Trek-Segafredo. Une expérience salvatrice pour Audrey Cordon-Ragot qui, à 30 ans, peut désormais vivre de son métier : cycliste.

Un aboutissement pour la Pontivyenne qui n’en oublie pas pour autant ses copines et continue de militer, comme elle l’a toujours fait, pour un cyclisme plus égalitaire. Co-fondatrice de l’Association Française Des Coureures Cyclistes, elle a également été de celles qui ont œuvré pour la création de courses internationales à destination des femmes.

Au départ du premier Paris-Roubaix féminin en 2021, elle fera également partie des 144 engagées sur le Tour de France durant l’été 2022. Le début d’une nouvelle ère pour le cyclisme féminin dont elle a aidé à dessiner les contours. Et qu’elle souhaite continuer à soutenir en intégrant, à terme, l’encadrement d’une formation féminine. Un projet qu’elle envisage de concrétiser après les Jeux Olympiques de Paris, en 2024, probablement le dernier grand rendez-vous de sa carrière.