Elle est de ces intrépides qui carburent avant tout aux défis. Celui que s’est fixé Charline Picon dans la perspective des Jeux parisiens, qui débuteront le 16 juillet 2024, est tout simplement gigantesque. Après une huitième place à Londres, en Grande-Bretagne, en 2012, un sacre à Rio, au Brésil, quatre ans plus tard et une médaille d’argent à Tokyo, au Japon, en 2021, la véliplanchiste charentaise s’est mise en tête de repartir pour quatre années de campagne olympique supplémentaires avec l’ambition de se tester sur une nouvelle discipline ! Terminé donc le RS:X - la planche à voile olympique - place désormais au 49er FX, un dériveur léger à bord duquel elle fait équipe avec Sarah Steyaert, championne du monde 2008 de laser radial.
Un changement radical pour la jeune maman qui, en passant d’une discipline individuelle à une discipline collective, repousse une fois encore ses limites pour continuer à écrire comme elle l’entend cette singulière histoire qui est la sienne. Il faut dire qu’en matière de planche à voile, la native de Royan n’a plus grand chose à prouver. Outre ses exploits olympiques, la championne du monde 2014 s’est également illustrée par cinq fois en l’espace de seulement huit ans sur la scène continentale (2013, 2014, 2016, 2020, 2021). Qu’ils semblent loin, au regard de ce palmarès, les premiers pas sur l’eau de la petite Charline, embarquée pour des sorties éducatives en mer avec sa classe de primaire !
Un premier contact avec la voile qu’elle pérennisera en s’inscrivant au club de La Tremblade, petite commune de Charente-Maritime, alors qu’elle n’a que 11 ans. À l’époque, la pré-adolescente fait part de ses envies d’optimiste mais les places sont rares. Et chères. Qu’à cela ne tienne, elle sera orientée vers la planche à voile. Un mal pour un bien pour la trentenaire qui goûte alors à ces sensations de glisse et de liberté qui ne cesseront plus de la nourrir.
Puis les années passent et son talent se confirme. En 2006, l’équipe de France lui ouvre ses portes. Le début d’une riche épopée qu’elle validera sept ans plus tard avec sa première distinction internationale qui l’intronise reine d’Europe. Pour autant, si elle aime collectionner les médailles, cumuler les récompenses est loin d’être la seule ambition de Charline Picon. Petite fille timide et introvertie, elle a puisé dans le sport et la compétition de quoi se construire en tant que femme. Il reste que si l’on s’amuse à frotter un peu la surface, l’athlète n’est jamais bien loin.
Mais à bientôt 39 ans, ses ambitions ne sont plus les mêmes. Après avoir brillé en solitaire, l’ancienne protégée de Cédric Leroy aspire désormais à se réaliser dans le collectif et le partage. Son association avec Sarah Steyaert pourrait lui en donner l’occasion. Le chemin reste néanmoins encore long et sinueux. Contrainte de repartir de zéro sur une embarcation qu’elle découvre, Charline Picon devra se surpasser pour décrocher l’un des 107 quotas à pourvoir - toutes séries confondues - avant, peut-être, de grimper, pour la deuxième fois de sa riche carrière, sur la plus haute marche du podium olympique installé dans la Marina de Marseille.