Elle a commencé par le football avant de se consacrer au skateboard. Deux disciplines mais une constante pour Claire Barbier-Essertel : il y a trente ans, les filles étaient instamment priées de ne pas venir empiéter sur ces territoires à large dominante masculine. Un avertissement en bonne et due forme qui ne suffira cependant pas à la faire renoncer à sa pratique. Bien que timide, la jeune Stéphanoise se fiche en effet éperdument de ce que les autres pensent. Sa valeur, c’est le terrain qui la valide et rien ni personne d’autre.

Pour autant, si en football, un but suffit pour faire vaciller la frontière des sexes, en skate, l’entreprise se révèle autrement plus ardue. En cause : le nombre de pratiquantes si peu élevé qu’il parait impossible, dès lors, d’espérer s’appuyer dessus pour renverser des montagnes.
C’est pourtant sur cet édifice fragile que Claire Barbier-Essertel va construire la contre-offensive. Son obsession ? Rencontrer des skateuses, comme elle, et inciter les filles qui le souhaitent à se lancer.

Pour se faire, elle commence à voyager, se tourne vers la compétition et finit par créer un site internet, les ‘poseuses crew’, avec d’autres rideuses pour rassembler, fédérer, montrer de quoi elles sont capables. Dès lors, sport ne cessera plus de rimer avec militance pour la vice-championne d’Europe 2004 qui va progressivement s’investir dans les instances.

Claire Barbier-Essertel, une des pionnières de la scène skate hexagonale

Tout commence en 2016. Le Comité International Olympique (CIO) décide de valider la présence du skateboard aux Jeux Olympiques de Tokyo, au Japon, programmés quatre ans plus tard. Un choix qui implique de présenter et une équipe hommes et une équipe femmes. Claire Barbier-Essertel est appelée à la rescousse pour encadrer, bénévolement, le tout jeune collectif filles, prémisses de ce qui deviendra, un peu plus tard, l’équipe de France féminine.

Une première expérience fédérale qui va rapidement en appeler une autre. Présidente suppléante à la commission nationale skateboard au sein de la Fédération Française de Roller et Skateboard depuis désormais un peu plus de deux ans, la désormais quarantenaire continue à mettre son expérience au service du développement de la pratique en France. Un engagement prenant pour cette graphiste indépendante, maman de deux enfants, qui préside également School Yard Riders, une association qui vise à promouvoir la discipline à travers des cours, des événements à Saint-Etienne, sa ville natale.

Sa dernière victoire en date ? L’ouverture, après de très longues tractations, d’un skatepark couvert à « Sainté », le premier jamais créé dans le département. De quoi continuer à faire des émules… Et encourager, encore et toujours, la mixité dans une discipline qui, en trois décennies, a su amorcer un virage serré en matière de parité.

Claire Barbier-Essertel, une des pionnières de la scène skate hexagonale